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Comment alors distinguer
et catégoriser les différentes
interactions espaces/corps ?

> Espace social immédiat

Est-ce que l’entité spatiale à l’étude est ergonomiquement
proche du corps, en contact direct avec l’humain ?

(public, privé, urbain, périurbain, rural, etc.)

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> Infrastructure

Est-ce que l’entité spatiale à l’étude dépasse l’échelle du corps,
nous surplombe ou structure le paysage ?

(naturelle, de mobilité, de protection, de stockage, etc.)

 —

> Architecture

Est-ce que l’entité spatiale à l’étude englobe entièrement
le corps, nous isolant d’une extériorité ?

(tout(es) typologies, époques, mouvements,
anciens usages confondu(e)s.)

 —

> Complexe

Est-ce que l’entité spatiale à l’étude est un peu de tout
ça à la fois tout en possédant une certaine unité ?

(Quartiers abandonnés, villages olympiques délaissés,
ports inutilisés, ensemble industriel déserté, etc.)

Typologies de milieux obsolètes

 

Les milieux à l’étude sont donc, par nature, obsolètes. Ce qui constitue déjà une catégorie en soi. Cela dit, pour mieux répertorier les espaces, il nous faut nécessairement passer par un effort de catégorisation. Baser cette catégorisation sur les fonctions passées de ces espaces serait alors un non-sens puisque c’est précisément l’abandon de ces fonctions qui rend les lieux potentiellement « ressources » de nouveaux usages. Il faut donc construire des typologies selon d’autres critères. Dans une volonté de retour aux perceptions sensibles, à l’humain et à l’espace vécu, nous avons décidé de baser notre catégorisation selon un critère proxémique.
Il s’agirait de définir des typologies spatiales en fonction d’un rapport élémentaire entre l’homme et son espace d’évolution, évinçant ainsi la question programmatique pour se concentrer sur le potentiel spatial -et donc nécessairement usuel- que dégage cette relation.

« La proxémie est « une approche du rapport à l’espace matériel » introduite par l’anthropologue américain Edward T. Hall à partir de 1963. Ce néologisme désigne d’après lui « l’ensemble des observations et théories que l’Homme fait de l’espace en tant que produit culturel spécifique ». L’un des concepts majeurs en est la distance physique qui s’établit entre des personnes prises dans une interaction. »

Nous élargissons ce concept en traitant la relation – et les possibles que cette relation dégage- entre l’homme et l’espace qu’il occupe momentanément. Il faut alors considérer cette relation comme une interaction à double sens, et donc par extension, que chaque espace possède une capabilité propre et indépendante de notre vision programmatique ou encore, une préexistence, une « prédisposition à » (concept d’affordances, Gibson). Cette distance devient alors support d’une diversité d’expériences strictement permises par cette interaction. Ainsi, nous construisons un indice de hiérarchisation proxémique basée sur les différents rapports sensibles du corps à l’espace et les possibles qui en découlent.
Cette approche permet de libérer les espaces d’une étiquette programmatique qui nuit à leurs capacités de réversibilité propre. En effet, rebondir sur l’obsolescence d’un milieu permet de changer considérablement notre manière de concevoir les espaces afin d’inscrire la dimension d’adaptabilité dans chaque projet de transformation (et donc d’anticiper les évolutions à venir). Cette approche est alors profondément résiliente puisqu’elle intègre les leçons de la première fabrique des lieux (tirés de l’obsolescence) dans sa catégorisation et par extension dans ses transformations afin de mieux rebondir et concevoir durablement.
Par exemple, nommer une catégorie d’espaces « logement » et le concevoir uniquement selon cette directive revient à réduire largement son potentiel d’adaptation, refrénant ainsi ses capacités de régénération. Par notre catégorisation, nous inscrivons alors au cœur du langage la réversibilité, afin de faire changer les mœurs de la conception standardisée.
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